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11 novembre 2012 7 11 /11 /novembre /2012 20:00

Quels cadeaux pour les enfants à Noël et pour la Saint-Nicolas ?

Risque-t-on de trop «gâter» nos enfants ?

Il n’y a évidemment pas de réponse toute simple à ces questions assez compliquées. Sur ce sujet comme sur d’autres qui concernent l’éducation à donner aux enfants, rien de simple…

On pourrait, prudemment, mettre en avant les principes suivants.

L’excès nuit en tout, dans un sens comme dans l’autre. Trop de cadeaux, ou trop peu. Trop de jouets, ou trop peu. Trop d’affection, ou trop peu. Trop de sévérité, ou trop peu. Trop d’autorité, ou trop peu. Trop de contraintes, ou trop peu. Trop de plaisirs, ou trop peu. Trop de renforcements narcissiques, ou trop peu. Trop d’estime de soi et de confiance en soi, ou trop peu.

Essayons donc de viser ce qui serait un juste milieu entre les positions excessives dans un sens ou dans l’autre.

Mais toute la difficulté est d’arriver à situer correctement ce juste milieu ! De quoi alimenter des débats psychologiques et idéologiques à n’en plus finir.

 

Les jeux et les jouets sont un élément assez important pour l’évolution des jeunes enfants. Encore faut-il bien les choisir.

Les cadeaux et les fêtes de fin d’année sont un plaisir et un charme de la vie, et une très belle occasion de convivialité, et c’est sympathique de conserver de tels plaisirs, même s’ils ne sont rien de vraiment indispensable.

 

Réfléchissons à l’exemple suivant.

Faut-il et jusqu’à quel point faut-il célébrer les anniversaires ?

Comparons deux enfants, issus tous deux de milieux «normaux» et recevant tous deux une éducation normale, aimante et positive.

L’un, vivant dans une famille plus austère, ne bénéficie jamais de fêtes à l’occasion de son anniversaire.

L’autre au contraire, bénéficie chaque année de fêtes d’anniversaire où les parents ont à cœur de marquer le coup de façon très substantielle, à grand renfort de cadeaux multiples, d’invitations, de journées exceptionnelles, et de félicitations abondantes, de quoi gonfler de façon peut-être un peu excessive le schéma de l’enfant mis sur un piédestal…

Pour le premier, habitué à ne pas avoir de telles célébrations, il peut très bien vivre heureux et être équilibré sans cela, il n’a pas besoin de cela pour être heureux. Et si un jour, il bénéficie d’une telle fête malgré tout, on peut espérer qu’il appréciera d’autant plus fortement ce plaisir. Comme pour pas mal de choses, la rareté en fera le «prix» (le plaisir, la valeur ressentie).

Le second, trop habitué à «bénéficier» chaque année de tant d’honneur et de célébrations, risque bien de ressentir que cela devient, au fil du temps, un besoin et une exigence obligatoire. Et donc, …affreux drame et crime de lèse-majesté et crise de frustration, si jamais on devait, pour une raison quelconque, déroger une année à cette tradition !!

Et là, nous serions tentés d’appeler cela une réaction d’enfant trop gâté.

D’où ces réactions bien connues d’enfants blasés qui n’apprécient plus que très moyennement ce qu’ils reçoivent, et qui peut-être seront surtout chagrinés de se centrer davantage sur le jouet qu’ils n’ont pas reçu…

Ainsi, habituer les enfants à ce que trop de choses plaisantes leur tombent trop facilement du ciel et surtout trop souvent, ce n’est certainement pas une bonne chose.

Et ce serait mal les préparer à la vie qui les attend plus tard, et qui sera peut-être relativement dure et frustrante, dans une société qui fait de moins en moins de cadeaux…

Dans l’exemple développé ci-dessus, quelle situation est préférable ? Certainement pas la seconde, me semble-t-il…

 

Alors, donc, quels cadeaux et quelle quantité de cadeaux ?

D’abord, mieux vaut la qualité, plutôt que la quantité.

Et un bon dosage est à réaliser entre des jouets simplement amusants et des cadeaux plus intéressants ou plus instructifs, aptes à stimuler diverses capacités, sans oublier la créativité.

Et, me semble-t-il, viser une grande prudence voire méfiance à l’égard des jouets ou matériels addictifs : consoles de jeux, tablettes, gsm,… Et savoir que de nombreux enfants de notre époque deviennent dangereusement accros à l’une ou l’autre de ces technologies modernes, avec des dégâts plus ou moins importants en matière d’instruction et de démotivation scolaire.

Par ailleurs, il me semble souhaitable de maintenir dans une certaine mesure un lien suffisant entre cadeaux et récompenses méritées.

Ainsi, couvrir de cadeaux un enfant qui, tout au long de l’année, se montre très peu soucieux de se plier aux exigences de l’éducation, ce serait lui délivrer un très mauvais signal.

Au contraire, convenir avec l’enfant que tel ou tel cadeau plus important sera obtenu à condition de respecter un certain contrat éducatif (progrès scolaire, attitudes en famille,…) est une stimulation intéressante à mettre en œuvre. Sans pour autant faire preuve d’une sévérité trop rigide.

Et enfin, sachons relativiser cette question des cadeaux et des jouets : cet enjeu de l’éducation n’est qu’un enjeu parmi d’autres, et n’est certainement pas le plus important, loin s’en faut.

 

Jacques Baré, psychologue, Liège.

Septembre 2015

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